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À travers temps, de R. C. Wilson

1991 (2010 pour la traduction française) - science-fiction

 

Quatrième de couverture


Août 1964 : Le voyageur temporel Ben Collier s’installe à Belltower, au nord-ouest des États-Unis, dans une maison de cèdre qui cache bien des secrets.

Avril 1979 : Le soldat Billy Gargullo débarque d’une Amérique future à feu et à sang, dont toute la filière agricole est à l’agonie.  Après avoir éliminé le gardien de l’avant-poste de Belltower, il disparaît encore plus profondément dans le passé.

1989 : Récemment licencié, largué par sa compagne, Tom Winter revient dans sa ville natale, Belltower, où il acquiert une banale maison en cèdre. Un soir, sa petite télé à cent dollars s’allume toute seule et n’affiche plus que le message : « Aidez-moi. »


 

Mon avis


Intrigue : 5/5


Après un prologue aussi sibyllin que percutant, l'histoire commence avec la visite d'une maison par le protagoniste, Tom Winter, parti rejoindre son frère dans leur ville natale. Aussitôt, la demeure l'attire et il choisit de s'y installer.

Peu après son aménagement, Tom observe d'étrange phénomènes, comme le ménage qui se fait tout seul, ou encore sa télévision qui s’allume toute seule et affiche le message "Aidez-moi"...

Assez vite, il découvre dans la demeure un passage menant vers l'année 1962.


Dès lors, les péripéties s'enchaînent sans temps mort. Chaque fin de chapitre est calibrée pour nous donner envie de lire le suivant, sans toutefois sombrer dans le cliffhanger grossier.


En bref, on ne s'ennuie pas une seconde.

Je pense même qu'il s'agit du roman de Wilson le plus palpitant que j'ai pu lire, encore plus que Spin - c'est dire.


Idées : 4/5


Immanquablement, cette histoire de tunnel vers le début des années soixante n'est pas sans rappeler l'excellentissime 22/11/1963 de Stephen King, même s'il n'est point question ici de sauver Kennedy de son assassinat.


Bien que le voyage dans le temps soit un thème éculé en SF, l'auteur se l'approprie avec brio et évite avec justesse l'écueil classique des paradoxes temporels.

Un thème cher à l'auteur, qu'il revisitera d'ailleurs à nouveau avec Les Chronolithes ou encore son dernier roman La Cité du Futur. À travers temps n'a pas l'ambition spatio-temporelle de ces derniers ; il se concentre avant tout sur l'humain.


Cet mise en avant de l'humain et de l'intrigue le rapproche de la démarche de Poul Anderson et sa Patrouille du Temps.

Quand au concept de tunnel au décalage temporel déterminé, il rappelle quelque peu Les Déportés du Cambrien, de Robert Silverberg, sans toutefois posséder de dimension politique comparable. On y retrouve cependant le concept d'exil temporel en la personne de l'antagoniste Billy Gargullo.


Personnages : 4.5/5


Comme à son habitude, Robert Charles Wilson dresse une palette de personnages crédibles et attachants, pour lesquels nous éprouvons facilement de l'empathie.


Le personnage principal, Tom, est volontairement caricatural et fade : un homme qui sombre dans l'alcoolisme après un divorce et un licenciement. C'est ce qui fait toute sa force d'identification : nous le soutenons dans ses épreuves et découvrons avec lui les secrets de cette étrange maison.


Le maraudeur temporel, Billy Gargullo, s'avère assez nuancé, loin de l'antagoniste manichéen. Il est autant victime que coupable et subit ce lien pervers qu'il entretien avec son armure futuriste.


Enfin, Joyce, la jolie new-yorkaise de Greenwich Village, se révèle elle aussi plus subtile que le cliché de chanteuse hippie engagée qui la caractérise dans un premier temps.


Style : 4/5


R. C. Wilson écrit bien, ce n'est pas un scoop, quoique je trouve l'écriture un tantinet plus terne que ces romans plus récents, au style sans doute plus mature.

Ici, point de phrases à rallonge ni d'envolées lyriques donc, uniquement un texte porté avant tout sur l'efficacité et peu sur les figures de styles.


L'auteur ne s'empêche pas quelques traits d'humour, qui demeurent cependant aussi rares que percutant. Par exemple, p. 28 : "Il se reprocha toutefois aussitôt de s'apitoyer ainsi sur lui-même. Le défaut caractéristique de la solitude. Comme la masturbation, c'était la parodie d'une activité qu'il valait mieux pratiquer avec d'autres personnes."


Nous sommes donc ici à l'extrême opposé de Le Temps Fut d'Ian McDonald, un autre roman exploitant le thème du voyage dans le temps, lui au style très fouillé et qui multiplie les démonstrations de force illustrant l'adage show don't tell.


En bref :

Plus de 15 ans avant son chef-d'œuvre Spin qui le propulsera au sommet de la littérature SF, Robert Charles Wilson signe ici un très bon roman sur le thème du voyage dans le temps.


NOTE GLOBALE : 4.5/5


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