top of page

Récursion, de Blake Crouch

  • Nicolas Skinner
  • 20 juil.
  • 3 min de lecture

2019 - thriller SF

Couverture de l'édition poche du roman Dracula de Bram Stoker

Quatrième de couverture


Barry Sutton enquête sur une vague de suicides engendrée par le Syndrome des Faux Souvenirs, une maladie neurologique inexpliquée dont les victimes se remémorent une vie qu'ils n'ont jamais vécue. Helena Smith, une neurologue travaillant sur la mémoire, est recrutée par le richissime Marcus Slade pour développer un dispositif permettant d'enregistrer les souvenirs, officiellement pour lutter contre la maladie d'Alzheimer. Mais Slade comprend bientôt que cette invention peut bien plus que cela, et ses ambitions font peser sur la réalité elle-même un danger inouï. Seuls Helena et Barry, en joignant leurs forces, ont une chance de l'arrêter...


Mon avis


Intrigue : 4.5/5


Le roman s'ouvre sur un phénomène mystérieux appelé le Syndrome des Faux Souvenirs : des personnes se mettent soudain à se souvenir d’une vie qu’elles n’ont jamais vécue. L’inspecteur Barry Sutton enquête sur ces cas étranges et croise le chemin de Helena Smith, une neuroscientifique qui travaille sur une machine permettant de revivre ses souvenirs – dans l’intention noble d’aider sa mère atteinte d’Alzheimer.


Mais cette technologie est détournée, d'une manière qu'il serait difficile de décrire sans spoiler. Sachez simplement qu'à ce stade de l'histoire, le développement de l'intrigue n'est qu'à peine effleuré.

Pour faire simple, l’intrigue se mue alors en thriller SF haletant où les deux protagonistes doivent empêcher l’effondrement du monde, pris dans une spirale vertigineuse.


On retrouve au final ici un arrière-goût de Dark Matter, son précédent roman qui était déjà excellent, quoique j'avoue avoir une petite préférence pour l'intrigue de ce dernier.


Idées : 4.5/5


Récursion est un roman à haute densité conceptuelle, où Blake Crouch interroge tout d'abord la mémoire comme fondement de l’identité : qui sommes-nous si nos souvenirs sont fabriqués ou contradictoires ? Peut-on faire confiance à notre perception du réel ?


En complément, comme thème récurrent de l'auteur, on y explore à nouveau la responsabilité morale de la technologie, par le biais d'une critique directe sur la tentation de manipuler le passé pour de "bonnes raisons", et sur les dérives totalitaires ou commerciales qui peuvent en découler.


La fameuse partie de l'intrigue qu'il serait malvenu de spoiler explore un champ très connu de la science-fiction, sous un angle d'attaque que j'ai trouvé fort original, si l'on considère le nombre d’œuvres qui exploite cette idée.


Personnages : 4.5/5


Ne nous voilons pas la face : l'auteur écrit des romans plot driven et non character driven - ce qui, à titre personnel, me convient très bien puisque c'est ce que j'aime lire et écrire - et celui-ci ne fait pas exception. Ainsi, même si les personnages sont parfois un peu "fonctionnels", ils gagnent en densité au fil de l'intrigue, du moins suffisamment pour les rendre attachants.


Ici, les deux personnages principaux son Helena Smith et Barry Sutton.


Barry est un inspecteur endeuillé par la mort de sa fille. Sa trajectoire personnelle donne une charge émotionnelle au récit. Il devient progressivement un héros tragique, conscient de l’absurdité d’un monde où chaque victoire est écrasée par la mémoire des défaites passées.


Helena Smith, quand à elle, est une scientifique brillante, motivée par une cause personnelle et noble. Elle incarne à la fois la promesse et le danger de l’innovation. Son évolution est marquée par la culpabilité et la volonté de réparer ce qu’elle a contribué à déclencher.


Les personnages secondaires, quand à eux, servent surtout à illustrer les conséquences sociales, militaires ou politiques du syndrome et de la technologie. Certains représentent tout particulièrement des figures de pouvoir qui exploitent la mémoire pour contrôler l’histoire.


Style : 4.5/5


Comme à son habitude, le style est simple et efficace. L'auteur excelle dans un style direct, nerveux et efficace, hérité du thriller et de la science-fiction mainstream. Il privilégie les phrases courtes, les chapitres rapides, les changements de focalisation et les cliffhangers pour maintenir un rythme intense.


Crouch évite les descriptions lourdes ou techniques : la science est vulgarisée, accessible, au service de l’émotion et de la tension dramatique. Son écriture est visuelle et cinématographique – ce n’est pas un hasard si ses romans attirent les adaptations. D'ailleurs, Récursion est en développement pour Netflix.


Enfin, fait amusant, j'ai noté une légère évolution comparé à ses romans précédents, Dark Matter et la trilogie Wayward Pines, dans lesquels l'auteur usait et abusait des paragraphes à phrase unique, souvent nominale. Ici, ce trait de style a presque disparu, comme s'il s'était rendu compte qu'il l'utilisait un peu à l'excès, à moins qu'on lui ait simplement fait la remarque.


En bref :

Récursion est un thriller de science-fiction ambitieux, qui fusionne haute spéculation technologique et tension humaine. Là où d’autres récits similaires deviennent froids ou abstraits, Blake Crouch choisit de garder un cœur émotionnel fort, tout en jouant avec les angoisses contemporaines liées à la mémoire, à l’identité et au progrès.


NOTE GLOBALE : 4.5/5


Commentaires


©2025 par Nicolas Skinner

bottom of page