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Le Feu de Dieu, de Pierre Bordage

2009 - thriller / science-fiction (et un peu fantastique)

 

Quatrième de couverture


Prévoyant la catastrophe, Franx a convaincu les siens de fortifier le Feu de Dieu, une ferme du Périgord, conçue pour une autonomie totale de plusieurs années.

Mais le cataclysme le surprend à Paris et. pour rejoindre sa famille, il entreprend une impossible odyssée, à pied dans des ténèbres perpétuelles en compagnie d'une autre survivante, une petite fille muette.

Pendant ce temps, dans l'arche transformée en bunker, sa femme et leurs deux enfants se retrouvent sous la menace d'un dangereux paranoïaque qui a pris possession des lieux...


Défiant sur leur terrain les maîtres du scénario catastrophe. Bordage conduit son récit à un rythme et dans un suspense impitoyables.

Le lecteur suit, halluciné, cette quête pour la vie dont il sortira, comme les personnages du roman, transformé, pacifié et grandi.


 

Mon avis


Intrigue : 4.5/5


Franx avait tout prévu, ou presque.

Pourtant, personne ne l'avait cru. Seuls quelques "illuminés" avaient accepté de le suivre dans son projet de construction du Feu de Dieu, un abri fortifié permettant de survivre après un hypothétique cataclysme auquel personne ne croyait.

L'ennui, c'est que, s'il avait vu juste, il s'était trompé sur un léger détail : la catastrophe est survenue plus tôt que prévue, alors qu'il se trouve seul à 500 km de son bunker où est resté sa famille.


S'ensuit une intrigue scindée en deux, au rythme d'un chapitre sur deux. L'un concerne l'épopée de Franx qui tâche coûte que coûte de rentrer auprès des siens. L'autre suit sa femme et ses deux enfants, enfermés dans le bunker en compagnie de Jim, un homme peu scrupuleux et bien décidé à profiter de la situation.

C'est d'ailleurs le point fort de cette histoire, qui alterne une aventure pleine de rebondissements à un huis clos oppressant. Deux intrigues entremêlées parfaitement maîtrisées.


Le rythme est haletant et on ne s'ennuie pas une seconde. On veut absolument savoir si Franx arrivera à rentrer auprès des siens, et si sa famille survivra à la tyrannie de leur despote.


Idées : 3/5


La fin du monde est un sujet récurrent en science-fiction.

Le Feu de Dieu n'est en fin de compte pas un roman post-apocalyptique, mais plus apocalyptique tout court, puisque nous suivons en direct le déclenchement de la catastrophe et la dégradation inexorable de la situation.

Une catastrophe qui ne sera jamais expliquée de manière claire, malheureusement. J'aurais aimé en savoir plus à son sujet, mais elle n'est jamais développée au cours du roman, tout au plus évoquée de manière métaphorique comme étant due à la Terre qui se régénère. Certes, mais, concrètement, qu'est-ce qui provoque ces éruptions enfouissant la planète dans une nuit de cendres qui va durer plusieurs années ? C'est d'autant plus regrettable que le personnage principal, Franx, a étudié de près cette catastrophe au point de la prédire et de prendre les mesures qui s'imposaient pour survivre, mais jamais il ne nous livre les clés scientifiques de son origine.

Dans le même genre, Le Paradoxe de Fermi nous décrit également une situation apocalytique, avec en bonus l'alternance entre le présent (post-apo) et des flash-backs (apo), mais de manière beaucoup plus progressive et originale - et, surtout, parfaitement rationnelle et expliquée.


L'autre idée du roman est difficile à développer sans spoiler, mais elle concerne l'évolution de l'espèce humaine. Là aussi, aucune explication rationnelle n'est apportée.


Au final, ce Feu de Dieu oscille entre science-fiction et fantastique, même s'il penche plutôt vers le premier.

Certains apprécieront cependant cette ambivalence et cette absence d'explications pour se concentrer sur l'intrigue et les personnages portés par une plume agréable, les points forts de ce roman.


Personnages : 4/5


Franx est une personne à laquelle nous pouvons facilement nous identifier. Il est courageux mais un peu égoïste, astucieux mais un peu malchanceux. C'est un Monsieur-tout-le-monde qu'on aime suivre et qu'on a envie de voir réussir dans sa quête.


Alice, la femme de Franx, m'a semblée elle un peu trop passive face à Jim. Je pense qu'une mère qui serait dans sa situation ferait tout pour ses enfants, quitte à se transformer en louve déchaînée qui protège ses louveteaux coûte que coûte.

Ses deux enfants, Théo et Zoé, sont eux finement écrits. J'ai presque retrouvé un côté Kinguien dans l'approche empathique que l'auteur possède envers des personnages adolescents, comme il a pu le faire dans L'institut par exemple. D'ailleurs, on retrouve dans ce Feu de Dieu le même thème d'enfant aux aptitudes extraordinaires.


Enfin, le personnage de Jim est crédible et bien amené, quoique son évolution d'invité encombrant à despote tyrannique aurait peut-être gagnée à être encore plus progressive. Par ailleurs, il ne possède aucune qualité, ce qui en fait un personnage très manichéen qui aurait gagné à être quelque peu plus nuancé.


Style : 4.5/5


Comme à son habitude, Pierre Bordage nous régale avec une histoire merveilleusement bien écrite. C'est toujours un plaisir de retrouver sa plume fluide, qui sait se montrer subtile sans jamais être ampoulée. Nous sommes au même niveau que le précédent roman que j'ai pu lire de lui, à savoir Echos dans le Temps.

Dès les premières lignes, le ton est donné : "[Franx] flânait sur le Pont-Neuf et contemplait le lever du jour sur Paris, ciel couleur de plomb, aucun souffle d'air, moiteur étouffante." En quelques mots, nous sommes avec Franx au cœur de la capitale.


En bref :

Pierre Bordage signe un bon roman apocalyptique qui oscille entre science-fiction et fantastique. La catastrophe en elle-même n'est pas développée outre mesure et n'est qu'un moyen de mettre l'accent sur l'intrigue haletante, campée par des personnages attachants et portée par une plume agréable.


NOTE GLOBALE : 4/5


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