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Dark Matter, de Blake Crouch

2017 - thriller SF

 
Couverture de l'édition poche du roman Dracula de Bram Stoker

Quatrième de couverture


Un soir, en rentrant chez lui, Jason Dessen, professeur de physique, est agressé et kidnappé par un inconnu masqué. Quand il reprend connaissance, tout a changé : Daniela n'est plus sa femme, leur fils Charlie n'est jamais né, et Jason lui-même est un physicien de premier plan à l'aube d'une découverte fondamentale. Que lui est-il arrivé? Qui lui a volé sa vie, et pourquoi? Les réponses à ces questions entraîneront Jason sur les multiples chemins d'un voyage extraordinaire, au cours duquel il devra se confronter à son plus dangereux ennemi : lui-même.


 

Mon avis


Intrigue : 5/5


Jason Dessen, ancien physicien en mécanique quantique, est un professeur de physique universitaire qui vit à Chicago avec sa femme Daniela et leur fils Charlie. Un jour, Jason est kidnappé et drogué. Il se réveille dans un laboratoire scientifique et sort d'un cube de métal. Il découvre qu'il se trouve dans un Chicago alternatif où, quinze ans auparavant, il avait décidé de ne pas épouser Daniela et avait plutôt poursuivi sa carrière de physicien...


Voilà pour le début du roman, qui se révèle haletant au possible.

Ici, l'anglicisme "page turner" prend tout son sens. Voilà bien longtemps que je n'avais pas dévoré un livre, anticipant avec joie chaque prochaine session de lecture.


L'auteur sait maintenir le suspens avec brio et ne s'en prive pas, et ce jusqu'à la toute dernière page.


Au niveau du cadre de l’histoire, l'auteur a choisi de placer Dark Matter à Chicago "en partie par sentimentalité mais aussi à cause des monuments de Chicago, de l'horizon, du lac… il y a juste quelque chose qui m'a parlé".

Un choix judicieux qui en fait une sorte de huis clos interdimensionnel que j'ai beaucoup apprécié.


Seul (micro-)bémol, j'aurais aimé savoir ce qu'il advient de certains personnages, même si je peux comprendre la volonté de l'auteur de laisser libre cours à notre imagination, et/ou de se concentrer sur le personnage principal.

Par ailleurs, l'identité du ravisseur au début du roman ne laisse place à aucun doute, j'ai donc souri lorsque le personnage principal le découvre avec stupeur... à la page 169.


En fin de compte, ce roman représente bien ce que Michael Crichton aurait écrit sur les mondes multiples, comme il l'a si bien fait concernant les nanotechnologies dans La Proie, par exemple.


Idées : 4/5


Nous sommes avant tout dans un thriller scientifique, même si les amateurs de SF en auront pour leur argent.


L'idée développée autour de la boite est fascinante et développe un sense of wonder étourdissant.

L'auteur explore la théorie d'Everett, sans jamais la nommer, à savoir les mondes multiples qui seraient rendus possibles de la mécanique quantique : tout ce qui a une probabilité de se produire se produit, de la plus petite fluctuation particulaire à nos choix du quotidien, et donne naissance à un nouvel univers parallèle.


Par contre, j'ai trouvé son lien avec la matière noire un peu discutable, comme s'il était là pour satisfaire les amateurs de SF grâce à une base scientifique. Dommage puisqu'il s'agit du titre du roman. A noter que l'auteur a expliqué que la vie est pleine de mystères, mais qu'il y en a bien d'autres sous la surface que nous ne pouvons pas voir, tout comme la matière noire de l'univers est cachée à la vue. Il s'agirait donc d'une métaphore, bien que le sujet soit abordé de manière scientifique dans le roman, à savoir la matière noire dont l'existence hypothétique repose sur certaines observations astrophysiques, notamment la vitesse de rotation des galaxies qui ne colle pas avec la théorie newtonienne.


J'émets également un bémol concernant la fin, qui relève d'une double incohérence. Sans spoiler, si l'on suit la logique pure des bases scientifiques posées par le roman, je dirais que les personnages de la confrontation finale devraient être en nombre infini et non limité à quelques dizaines, de même que (erreur la plus grossière selon moi), le monde initial depuis son départ, qui semble demeurer étrangement unique, contrairement à tous les autres.

Rien de très méchant heureusement, et cela ne gâche pas le plaisir de lecture.


En fin de compte, la meilleure idée développée dans ce roman reste celle de l'importance des choix du quotidien, chacun pouvant influer sur le cours de notre vie, parfois de manière significative. Et si nous avions la possibilité de revenir en arrière pour tester d'autres choix, tel un Ctrl+Z existentiel ? Ou, à l'inverse, de les explorer en profondeur avant de prendre notre décision ?

Un thème qui était abordé sous l'angle SF de la mousse quantique dans Terminus, par exemple.


Personnages : 4.5/5


Le personnage principal, Jason Dessen, subit une belle évolution tout le long du roman, qui est même multiple, si j'ose dire. Il est facile de s'identifier à lui, car il nous renvoie à nos propres faiblesses, en particulier à notre part sombre. Que ferions-nous à sa place ?

C'est d'ailleurs le propos le plus important du roman, ce qui relègue les autres personnages au second plan.


Nous en saurons donc assez peu sur Ryan Holder, sorte de rival de Jason, ou encore sur Amanda, qui sera d'une aide précieuse. Mais ce n'est pas très grave.


Seule la femme de Jason, Daniela, reste assez développée et nous ne pouvons que faire preuve d'empathie à son égard, surtout vers la fin du roman.


Style : 4.5/5


Le style est simple et efficace. Clair, fluide et sans fioritures.

Ça se lit très bien.


Détail amusant : l'auteur use et abuse des paragraphes à phrase unique, souvent nominale. C'est une façon de se démarquer et d'insuffler du rythme, même si parfois c'est si un tantinet exagéré selon moi.

Jugez par vous-même, à cette fameuse page 169 évoquée plus haut :

"J'entends la voix de mon agresseur, étrangement familière. Ses questions.

Mon travail.

Ma femme.

Si je l'appelais "Dani".

Il connaissait Ryan Holder.

Seigneur.

Il m'a traîné jusqu'à cette centrale électrique abandonnée.

M'a drogué.

M'a posé des questions sur ma vie personnelle."

Voilà voilà, et ça continue sur près de deux pages...


En bref :

Ce thriller SF est haletant de bout en bout, porté par un style minimaliste mais efficace. Malgré quelques petites incohérences, c'est un vrai plaisir de lecture que de tourner les pages pour suivre le personnage principal dans sa quête. Un quasi-coup de cœur.


NOTE GLOBALE : 4.5/5


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