2024 - Fantastique
Quatrième de couverture
Billy Summers est un tueur à gages – le meilleur –, mais il n’accepte de liquider que les salauds.
Aujourd’hui, il veut décrocher. Avant cela, seul dans sa chambre, il se prépare pour sa dernière mission...
À la fois thriller, récit de guerre, road trip et déclaration d’amour à l’Amérique des petites villes, Billy Summers est l’un des textes les plus surprenants de l’œuvre de Stephen King, qui y a mis tout son génie et toute son humanité.
Mon avis
Intrigue : 4/5
Ainsi donc, voilà le grand talent de conteur du King à l’œuvre, une fois de plus.
C'est un véritable don, qu'il a démontré avec brio, par exemple avec L'Institut, l'un de ses derniers romans précédents.
L'intrigue entre directement dans le vif du sujet avec le recrutement de Billy Summers, un tueur à gage à qui l'on propose un contrat - le dernier, c'est son souhait - qui s'avère très bien rémunéré, bien plus que tous les précédents. Y aurait-il anguille sous roche ?
Nous allons donc suivre ses préparatifs, qui consistent globalement à se fondre dans le décors du futur lieu du crime, à savoir le dernier étage d'un immeuble contenant plusieurs entreprises, comme un bureau d'avocats par exemple. De là, il pourra tirer sur sa cible, dont la date de survenue est encore incertaine, mais sans doute pas avant plusieurs semaines.
Or donc, Billy se doit d'avoir une couverture, et c'est ainsi qu'il sera écrivain aux yeux de tous.
Et voilà, je viens de résumer les 250 premières pages du roman, qui en compte plus de 700.
Bref, il ne se passe pas grand chose, et les deux tiers restants n'inverseront pas vraiment la tendance.
Et pourtant, et c'est là tout le génie du King, on ne s'ennuie pas.
Le seul bémol, en fin de compte, identique à L'Institut réside dans le fait que je ne pense pas un jour relire ce roman, car j'en garde un souvenir si limpide et, osons le mot, simpliste, qu'une relecture, elle, m'ennuierait peut-être.
Idées : 3.5/5
Les histoires de tueurs à gage sont légion, et il peut paraître difficile d'aborder le sujet de manière originale.
Ici, le pari est plutôt réussi, grâce à deux principales idées.
La première réside dans la personnalité de notre personnage principal. Billy est un tueur possédant un minimum de convictions et de règles, un peu à la manière de Léon dans le film du même nom avec son "ni femme, ni enfant". En l’occurrence, Billy souhaite que ses cibles soient des "méchants", bien qu'il ait au fond de lui conscience d'en être un lui aussi en ôtant des vies.
La seconde idée consiste à rédiger une partie du roman de façon épistolaire : Billy racontant lui-même ses mémoires. Ceci contribue au twist final de manière poignante.
Enfin, dernière surprise de la part du King : nous proposer un roman en dehors de la littérature de genre, à savoir sans élément fantastique. Je m'attendais un virage surnaturel, comme dans L'Outsider, par exemple, mais il n'en fut rien - en dehors d'une petite référence à Shinning, sans aucun impact sur l'intrigue et qui relève plutôt de l'easter egg - et ce fut en soit une bonne surprise.
Personnages : 4.5/5
Ce n'est un secret pour personne : Stephen King excelle dans la construction de ses personnages, et il le prouve une fois de plus.
A commencer, bien sûr, par Billy, un tueur de sang-froid pourtant attachant. Il dissimule son intelligence sous une couche d'imbécilité feinte, prenant un malin plaisir à ce que ces employeurs le considèrent comme une sorte d'autiste très doué dans son domaine, mais également facile à manipuler et dont les réactions peuvent être anticipées, ce qui en fait un exécutant de choix.
Son passé de tireur d'élite dans l'armée est relaté de façon épistolaire et renforce l'empathie que nous éprouvons pour lui.
Le second personnage clé fait son irruption un peu comme un cheveu sur la soupe, en plein milieu du roman : Alice, qui rencontre Billy de manière impromptue. Plus on apprend à connaître la jeune femme, et plus nous avons envie qu'elle suive Billy dans son aventure.
Les autres personnages gravitant autour de Billy sont tous très bien esquissés, comme par exemple Nick, l'employeur de Billy, ou encore Bucky, son associé de toujours.
Et il ne faut pas oublier les "troisièmes rôles", comme les habitant du quartier où Billy vit sous couverture dans la première partie du roman, qui permettent au King de brosser avec brio la classe moyenne américaine.
Bref, c'est une fois de plus une belle palette de personnages colorés et crédibles qu'esquisse le King.
Style : 4.5/5
Ce n'est pas un secret, Stephen King sait écrire, et il le montre à nouveau.
Son style direct et fluide porte l'histoire avec brio.
Parfois, le maître se lâche même un peu, comme lorsqu'il décrit la maison de Nick (p. 35) : "[...] une sorte de faux manoir qui ressemble davantage à ce qu'il pensait découvrir la veille : une horreur architecturale construite à la va-vite, posée sur un hectare de pelouse. [...] La maison est illuminée [...], afin de bien mettre en valeur tous ses misérables excès. Aux yeux de Billy, on dirait la fille bâtarde d'un supermarché et d'une méga-église. Ce n'est pas une maison, c'est l'équivalent architectural d'un pantalon de golf rouge."
En bref :
Un très bon roman du King, qui ose sortir des sentiers battus en nous offrant un authentique thriller sans incursion du surnaturel, à l'intrigue soutenue et aux personnages attachants.
NOTE GLOBALE : 4/5
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