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Helstrid, de Christian LÉOURIER

2019 - Science-fiction

 

Quatrième de couverture


Certains mondes ne sont pas faits pour l’humanité : Helstrid est de ceux-là. Des températures de -150 °C ; des vents de 200 km/h ; une atmosphère toxique. Pourtant, la Compagnie tient à exploiter ses énormes ressources en minerai, appâtant les volontaires à l’exil à grand renfort de gains conséquents. Des hommes et des femmes à l’image de Vic, qui supervise le travail de prospection et d’exploitation des machines. Un job comme un autre, finalement, et qui vaut toujours mieux que d’affronter son passé laissé sur Terre… Jusqu’à ce que le porion soit contraint d’accompagner un convoi chargé de ravitailler un avant-poste à plusieurs centaines de kilomètres de la base principale. Un trajet dangereux, mais les IA sont là pour veiller à la bonne marche des véhicules suréquipés et à la protection du seul humain embarqué.

Dans pareilles conditions, tout ne peut que se passer au mieux…


 

Mon avis


Intrigue : 4/5


Précisons d'entrée de jeu qu'il s'agit d'une novella, autrement dit un roman court, qui n'excède pas les 120 pages.

L'intrigue va donc à l'essentiel : un employé d'une compagnie d'extraction minière se retrouve pris dans la tourmente lors d'un voyage solitaire sur une planète inhospitalière.

Et… c'est tout.

Cette simple phrase résume à elle seule le roman.

Est-ce ennuyeux pour autant ? Non, heureusement, car une multitude d'imprévus va pimenter le trajet du protagoniste et dévoiler à quel point l'environnement d'Helstrid est hostile. La loi de Murphy dans toute sa splendeur, en somme.


À la manière du Paradoxe de Fermi de Jean-Pierre Boudine, le récit est assez sombre et suit un protagoniste seul et livré à lui-même, entrecoupé de brefs flashbacks dévoilant l'origine de sa situation actuelle.


J'ai adoré me perdre dans ce roman et ses décors glacés, parsemés de lacs de méthane et surplombés d'un ciel sans étoiles. Dépaysement garanti.


La fin de l'histoire, à la fois surprenante et logique, renvoie à la principale incohérence du roman développé dans la partie des idées ci-dessous.


Idées : 2.5/5


Ce qui m'a le plus plu dans ce roman, c'est l'empathie que l'on peut éprouver à l'égard du protagoniste. Non pas dans son attitude, assez agaçante - j'y reviendrai - mais dans la perspective de se demander comment nous réagirions à sa place. A savoir, comment serait notre vie sur Helstrid, une planète tout sauf accueillante.

À bien des égards, Helstrid s'avère être une version glacée de Dune : des colons viennent exploiter une ressource précieuse sur une planète inhospitalière au possible. Et encore, au moins, sur Arrakis, l'air y est respirable.


Malheureusement, certaines idées ne sont qu'ébauchées et les explications bien trop sommaires pour étancher ma curiosité. Quelle est ce mystérieux minerai précieux ? D'où viennent ces séismes à intervalles réguliers ? Pour quelle raison le ciel change soudainement d'aspect ? Etc. Aucune réponse satisfaisante, voire aucune réponse du tout ne sera apportée à toutes ces questions.


L'idée sous-jacente du roman reste l'emploi d'intelligence artificielle pour assister les hommes sur cette planète. C'est le plus gros défaut de ce roman, qui relève de l'incohérence presque impardonnable : à aucun moment l'auteur n'explique en quoi la présence de colons humains est utile puisque l'IA peut tout faire toute seule.

Le protagoniste l'annonce d'emblée : il va passer le voyage à se tourner les pouces, tout seul dans un convoi de ravitaillement entièrement automatisé. En étant sévère, on pourrait presque dire que ce gros défaut invalide tout le roman.


Enfin, la cryogénie et le voyage interstellaire ne sont évoquées que de manière anecdotique et ne révolutionnent rien dans le genre. Après avoir lu la trilogie du Problème à Trois Corps, ce texte fait pâle figure, même s'il est évident que développer des idées dans un format aussi court n'est pas simple.


Personnages : 3.5/5


Le personnage principal est Vic, le colon qui va faire face à un voyage solitaire pour le moins mouvementé. Difficile de ne pas le trouver exaspérant tant il s'évertue à se plaindre de tout et en particulier de l'IA, qui ne cesse d'assener des arguments logiques face à son comportement impulsif.

Pourtant, au fil du roman, on en vient à le comprendre, d'autant plus à la toute fin de l'histoire…


Les motivations qui ont poussé Vic à s'exiler sur une planète en compagnie d'autres colons isolés de tout restent compréhensible grâce à plusieurs flashbacks.

Les 25 années de trajet interstellaire en état de cryogénie pour se rendre sur Helstrid impliquent qu'à son retour sur Terre, toutes ses connaissances auront vieilli d'un demi-siècle de plus que lui… La perspective de perdre ainsi ses amis et sa famille renforce son sacrifice et l'empathie que l'on peut éprouver pour lui.


Style : 4/5


Le roman commençait mal. Très mal, même, et ce, dès la toute première page, avec un style pour le moins ampoulé : "Il lui arrivait aussi de s'inventer des mobiles plus nobles : la curiosité, l'appel de l'aventure, l'exaltant sentiment d'appartenir à l'élite qui participait à l'expansion de l'espèce humaine, en somme tout ce ronflant galimatias qui nourrit les compagnies de recrutement et les discours officiels, ce vernis si chatoyant qu'on finissait par y souscrire en toute bonne foi à défaut de lucidité." Une phrase interminable bardée d'adjectifs plus ronflants les uns que les autres. Certains apprécieront. Moi, moyennement.


Heureusement, la suite du roman se révèle au final agréable à lire avec un style assez fluide, qui sait s'effacer au profit de l'intrigue de plus en plus haletante.


En bref :

Un planet opera aux allures de huis-clos bien écrit et palpitant. Avec ce récit, on voyage dans d'exotiques contrées glacées le temps d'un court roman.

Le gros bémol reste l'exploitation des idées, en particulier concernant l'intérêt de la présence de l'homme dans un milieu entièrement automatisé.


NOTE GLOBALE : 3.5/5


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