2024 - science-fiction
Quatrième de couverture
Londres. Bientôt.
Jeune et belle, Harmony Meads est promise à un avenir radieux. Sa carrière d’agente immobilière pour yuppies file vers les sommets, et le couple qu’elle forme avec Jiannis fait sensation dans les soirées les plus courues de la City. Pourtant, Harmony a un problème. Là. Sur le menton. Juste un petit bouton. Pas méchant, trois fois rien, mais bien là. Or, ce bouton est une impossibilité. Ses nombreux abonnements à Fullife, son fournisseur de santé, assurent le parfait réglage de ses nanos, et sa kyrielle d’extensions ― Derméclat, Réveil en Beauté, Fraîche et Guillerette, Fini le Dentiste, Puissant Maintien, Prenez le Contrôle ― garantissent à Harmony l’éclat d’une jeunesse insolente, et une efficience maximum en toutes circonstances. Certes. Mais alors, ce bouton ? Ne pourrait-il pas s’avérer un symptôme ? Car être la meilleure version de soi-même a un prix. Un prix élevé, à vrai dire… Pour Harmony Meads, il se pourrait que l’heure de s’en acquitter ait sonné.
Mon avis
Intrigue : 4.5/5
Un bouton sur un visage.
Voilà le point de départ de cette intrigue ancrée dans un futur très proche.
Rien de follement excitant, sauf qu'il ne devrait pas être là. Car Harmony, la protagoniste, possède toute une armada de nano-technologie censée lui garantir une peau impeccable.
Elle contacte alors son fournisseur, mais découvre avec effroi qu'elle ne peut plus payer ses abonnements et que ses nanos ont par conséquent été en partie désactivés.
S'ensuit une descente aux enfers, implacable et palpitante, jusqu'à la conclusion douce-amère.
Une novella très addictive, qui se lit d'une traite.
On dirait un épisode de la série Black Mirror couché par écrit. En me renseignant sur le livre après l'avoir lu, j'ai d'ailleurs cru comprendre qu'il avait été écrit en ce sens, mais je n'ai pas trouvé la confirmation de cette information.
Idées : 4/5
Point d'idées révolutionnaires ici, juste une seule mais fichtrement bien exploitée : et si la beauté et la santé étaient dictées par des nanotechnologies, payées monnaie sonnante et trébuchante par leurs utilisateurs ?
Nous avons ici affaire à un écrit d'anticipation placé dans une Angleterre néolibérale, ce qui renforce au passage la proximité avec nos voisins d'outre-Manche.
Nous pouvons également voir ce texte comme une satire décrivant l'obsession de notre société pour l'apparence et la performance.
Par contre, contrairement à ce que j'ai pu lire sur cette novella, je ne trouve pas que ce soit une dystopie, du moins pas à proprement parler puisque les citoyens restent libres et non soumis à un gouvernement totalitaire.
En bref, l'autrice alerte avec brio sur les dérives de la quête de l'homme augmenté - ou plutôt, ici, la femme, en l'occurrence.
Personnages : 4/5
L'empathie envers la protagoniste Harmonie est immédiate. On aime la suivre dans sa quête pour maintenir un semblant d'équilibre dans sa vie, entre ses problèmes financiers, sa mère fragile et son compagnon tyrannique.
En ce qui concerne sa mère Karen, je pense qu'il s'agit du personnage le plus attachant. Veuve, elle ne souhaite qu'une chose : le bonheur de sa fille, et elle reste toujours là pour l'aider, quoiqu'il arrive.
Le personnage de Jiannis est quant à lui l'archétypique du sociopathe manipulateur. Il en devient presque caricatural, mais c'est sans doute dû au format court de la novella qui force l'autrice à resserrer son propos. Sa relation toxique avec Harmony évolue progressivement vers le point de non-retour.
Style : 4.5/5
Claire North sait écrire, indubitablement. C'est fluide et percutant.
Parfois, le style est même quelque peu désinvolte, comme par exemple p. 16 : "Elle se disait qu'elle devait hurler, insulter cette connasse, où qu'elle puisse se trouver, lui affirmer qu'elle se trompait, que tout cela était faux, que ça n'allait pas se passer comme ça, et qu'elle devait régler ce bordel sur-le-champ, nom de Dieu de merde."
En bref :
Avec une plume acérée, Claire North explore les dérives du transhumanisme et les conséquences du consumérisme, le tout dans un futur très proche et crédible à l'arrière-goût de Black Mirror. Jouissif et percutant.
NOTE GLOBALE : 4.5/5
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