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Silo, de Hugh Howey

2013 - Science-fiction

 

Quatrième de couverture


Dans un futur indéterminé, des survivants vivent depuis plusieurs générations dans un immense silo creusé dans la terre, à l'abri d'une atmosphère devenue toxique. Seul un écran relayant les images filmées par des caméras les relie au monde extérieur. Lorsque cette société bannit l'un des siens, il est envoyé dehors, vers une mort certaine, et pourtant, tous sans exception vont, avant de mourir, nettoyer les capteurs des caméras. Pourquoi ? Une grande bouffée d'air (frais) dans la SF.


 

Mon avis


Intrigue : 3/5


Le roman commence par une première partie très prenante. On y suit un personnage, Holston, qui veut sortir du silo pour retrouver sa femme, partie à l'extérieur du silo 3 ans plus tôt. Selon les lois qui régissent le silo, Holston va devoir nettoyer les capteurs des caméras qui filment l'extérieur, une fois dehors.

Cette première partie rédigée comme une nouvelle haletante, dont la chute magistrale explique pourquoi tous ces condamnés à mort nettoient les capteurs de leur plein gré au lieu de profiter de leurs derniers instants de vie qui leur restent avant que l'atmosphère toxique n'ait raison de leur combinaison protectrice.

C'est d'ailleurs sans surprise que j'ai par la suite appris que l’auteur a d’abord autopublié cette première partie comme nouvelle et que, face au nombre de messages de lecteurs lui réclamant une suite, le bougre a décidé de la développer par le biais de ce roman.


Enhardi par ce début prometteur, j'ai poursuivi ma lecture confiant, mais, à ma grande déception, à aucun moment le reste du roman n'égale cette première partie. Un peu comme si l'auteur avait grillé sa meilleure cartouche d'entrée de jeu.

Attention, la suite de l'histoire n'est pas mauvaise, mais l'intrigue m'a paru plus convenue et moins palpitante.

Le roman aurait gagné en efficacité à être amputé de 200 pages - au bas mot - car j'ai vraiment trouvé certains passages ennuyeux et j'avoue les avoir lu d'un œil distrait. Les allers-retours dans le Silo m'ont paru interminables et la gestion du temps pour descendre les étage fort discutable.

Par ailleurs, on sent que l'auteur essaie parfois de nous immerger dans une ambiance par le biais de descriptions, d'états d'âme ou de flashbacks, mais la sauce n'a pas souvent pris en ce qui me concerne.


Autre défaut : la pratique abusive du cliffhanger presque systématique en fin de chapitre. On se croirait dans un Chair de Poule. Avec modération, c'est très efficace, mais répété à l'envi cela devient lassant.


Heureusement, vers le milieu du roman, mon attention a connu un net regain d'intérêt avec l'intrigue de Juliette, mais je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler.


Pour terminer, j'ai trouvé la fin un peu trop prévisible à mon goût, même si on ressort satisfait de cette issue.


Idées : 4/5


Si l'intrigue laisse à désirer de mon point de vue, les idées sont, elles, excellentes.


Le concept de l'abri souterrain pour se protéger d'un cataclysme, s'il n'est pas en soi nouveau (coucou Fallout), n'en demeure pas moins remarquablement bien exploité par l'auteur.

Nous avons ici affaire à un véritable worldbuilding, avec son système des tickets de loterie pour limiter les naissances, sa monnaie sous forme de jeton, son climat politique parfois tendu avec la hiérarchie maire, adjoint et shérif, ou encore son vocabulaire comme par exemple les Ombres pour désigner les apprentis qui suivent leurs maîtres d'apprentissage comme une ombre. C'est très immersif.


Ce concept permet par ailleurs de prendre le cliché du post-apo à contre-pied : ici, les survivants ne s'entredéchirent pas dans des affrontements sanglants mais vivent dans une société bien organisée et démocratique - tout du moins en apparence.


Les thèmes abordés sont nombreux et, comme toute bonne science-fiction qui se respecte, ils permettent une critique métaphorique de notre monde réel : censure d'information, conspirations politiques, règles liberticides, lutte des classes, et j'en passe.


Par ailleurs, l'auteur possède le sens du détail technique et sait le diluer avec finesse de façon à renforcer l'immersion du lecteur.


En définitive, l'exploitation des idées est sans nul doute le point fort du roman.


Personnages : 3.5/5


Le seul personnage qui sort vraiment du lot est celui de Juliette, ce qui est un point positif puisqu'une héroïne forte est dans l'air du temps.

J'ai beaucoup aimé suivre ses péripéties, trembler pour elle lors de ses multiples mises en difficulté, me questionner comme elle sur ce monde qui l'entoure et partir à la recherche de réponses avec elle.


Le second dont je me souviendrai est sans doute Holston, pour l'empathie qu'il suscite chez le lecteur. Nous voulons à tout prix savoir pourquoi il court ainsi vers une mort certaine. Et, surtout, nous voulons savoir ce qui se passe à l'extérieur du silo et affronter cette découverte avec lui.


Malheureusement, aucun des autres personnages ne m'a paru aussi fort et bien construit que Juliette ou Holston.

La plupart se rapprochent dangereusement d'archétypes comme on peut en trouver dans une lecture Young Adult : certains sont bien trop binaires comme Bernard, et d'autres exaspérants comme Lukas, qui est pourtant sensé être un personnage central mais que j'avais profondément envie de baffer à plusieurs reprises.


Style : 4/5


Le style de l'auteur est bon, parfois même excellent.

Je pense tout particulièrement à ce début profondément immersif et prometteur. On sent que l'auteur a pu le travailler en commençant par le publier sous forme de nouvelle.

Jugez par vous-même, dès le troisième paragraphe du premier chapitre : "Foulée par des générations, chaque marche était légèrement incurvée, son rebord émoussé comme une lèvre boudeuse". Et, un peu plus loin : "C'était le rire de la jeunesse, d'êtres qui ne s'interrogeaient pas encore sur l'endroit où ils grandissaient, ne sentaient pas encore la terre presser de tous côtés, ne se sentaient pas le moins du monde enterré, mais en vie."

En quelques mots, on est transporté à l'intérieur du silo.


Le reste du roman demeure d'une facture tout aussi agréable à lire, même si je trouve qu'il n'arrive jamais à égaler l'excellence du début.

Je note également un travers descriptif parfois poussif de l'auteur, qui prend le temps de détailler chaque petite action des personnages, chaque pensée, alors qu'il serait parfois préférable d'aller à l'essentiel pour gagner en dynamisme.


En bref :

Un bon roman qui, s'il ne révolutionne pas la SF post-apocalyptique, ravira sans nul doute les amateurs du genre.

On regrettera cependant une intrigue qui manque de dynamisme et la construction des personnages qui laisse à désirer. Heureusement, les idées développées et le style de l'auteur permettent tout de même de terminer cette lecture sur une note agréable.


NOTE GLOBALE : 3.5/5


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