2016 - thriller
Quatrième de couverture
Bienvenue à Carson Mills, petite bourgade du Midwest avec ses champs de coquelicots, ses forêts, ses maisons pimpantes, ses habitants qui se connaissent tous. Un véritable petit coin de paradis… S’il n’y avait Jon Petersen.
Il est ce que l’humanité a fait de pire, même le diable en a peur. Pourtant, un jour, vous croiserez son chemin.
Et là… sans doute réveillera-t-il l’envie de tuer qui sommeille en vous.
Mon avis
Intrigue : 3/5
Le roman commence par un avant-propos de l'auteur un tantinet déroutant et annonciateur du pire.
Et le pire, il se personnifie via Jon Petersen. Le premier chapitre ébauche son caractère sans concession, avec une réaction plutôt sadique face à la volonté de son fils d'adopter un chien.
Ensuite, l'auteur retrace la jeunesse de Jon, entachée d'une agression ultra violente sur un camarade de classe à 12 ans et d'un premier viol sur sa propre tante, à l'âge de 15 ans.
Puis, s'ensuit une descente dans les profondeurs de l'âme maléfique de Jon, véritable psychopathe en puissance, qui jouera au chat et à la souris avec le shérif Jarvis.
C'est sombre, mais pas ultra gore non plus. Le niveau de violence reste sous celui de Noire Neige, par exemple - et encore plus sous celui de Noire Mer.
Par contre, mon souci est qu'il n'y a pas vraiment d'intrigue à proprement parler. Nous suivons simplement l'histoire de Jon, nous demandant simplement quelle sera l'atrocité qu'il commettra par la suite, et quand s'il sera pincé ou non par le shérif.
Heureusement, pour ma part ce sera suffisant pour me donner envie de poursuivre ma lecture.
Idées : 4/5
La seule vraie idée originale du roman, à mon sens, est celle de sa chute.
Ma première réaction a été, globalement : "sérieusement" ? Je trouvais cette issue un peu (beaucoup) tirée par les cheveux.
Puis, par la suite, en y repensant, je me suis dit, "après tout, pourquoi pas ?". Car, au final, voilà ce qu'on demande à un bon roman : de continuer à nous faire réfléchir après avoir lu le mot "Fin". Et, pour le coup, c'est mission accomplie.
Personnages : 3.5/5
Inutile de préciser que le personnage de Jon est détestable, et l'auteur s'applique à nous le présenter sous le pire angle possible.
Presque trop, en fait. Il manquait, à mon sens, une once d'empathie que nous aurions pu éprouver à son égard, ne serait-ce que par une faiblesse à laquelle nous aurions pu nous identifier et qui aurait pu expliquer en partie son comportement.
Au final, je me suis senti distant du personnage, ce qui a amoindri l'impact de la chute du roman.
Le shérif Jarvis est, de toute évidence, le second personnage principal. L'enquête sur les meurtres de Carson Mills le conduit à suspecter fortement Jon Petersen, mais, bien que les indices convergent vers lui, le manque de preuves l'empêche de l'incriminer. Nous vivons sa frustration de manière empathique.
Nous pouvons également citer le personnage de Joyce, qui, comme le stipule l'auteur, "n’avait pas eu beaucoup de chance dans l’existence". En effet, elle va se retrouver mariée à Jon et lui donnera un fils, Riley, et les deux devront faire avec l'un des pires pères de famille du monde.
Style : 3.5/5
L'auteur sait écrire, c'est indéniable.
Jugez par vous-même, dès les toutes premières lignes : "C'était un de ces matins lents, lorsque l'aube grise et humide s'étire sans fin, rampe avec difficulté vers les nuages bas, comme si elle rechignait à éclairer une journée de plus sur la terre des hommes. Riley Ingmar Petersen bondissait entre les nids de boue, au milieu des hautes herbes et des bruyères fanées, pour suivre la démarche coulante des longues jambes de son père, Jon, qui filait avec sa masse posée sur l'épaule. Jon était sec, tout en nerfs, la peau si légère que les tendons vibraient au moindre geste, les veines saillantes, les muscles roulant comme les courants d'une mer imprévisible, capable d'exploser à tout moment dans une écume rageuse."
En quelques phrases, l'auteur caractérise avec brio la fragilité d'un fils face à la colère contenue de son père.
Le problème, c'est qu'une bonne partie du roman est écrite au discours indirect, contrairement à ce premier excellent chapitre, ce qui crée une certaine distance avec l'histoire et les personnages, comme si l'auteur se refusait à appliquer la règle de base du "show, don't tell". Une règle qui convient d'enfreindre de temps en temps et qui ne détient pas la vérité d'une bonne narration, nous sommes d'accord, mais j'aurais souhaité être plus ancré dans certaines scènes, ce qui m'a fait défaut à plusieurs reprises à cause de cette narration détachée.
En bref :
Un thriller qui nous plonge dans la noirceur de l'âme humaine et qui m'a embarqué, malgré une intrigue linéaire et quelques passages trop descriptifs. De ce roman, je retiendrais surtout la conclusion inattendue et osée.
NOTE GLOBALE : 3.5/5
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