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Interview de Julien Laoche


Aujourd'hui, je vous propose de découvrir un autre auteur breton : Julien Laoche.


J'ai pu le rencontrer récemment, lors d'une de mes dédicaces à Quimper chez Ravy, avec les autres membres de l'association 29ème Dimension.


Je vous propose donc d'en apprendre plus sur cet amateur de Bernard Werber passionné de science-fiction philosophique.


Pensez à vous installer confortablement dans votre fauteuil pour un petit moment, car le bougre a la langue bien pendue !


 

Bonjour Julien, peux-tu te présenter brièvement pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m'appelle Julien Laoche, j'ai publié en auto-édition un roman de philosophie-fiction (science-fiction philosophique) qui s'intitule « Ama » – sorti en 2018 – et une nouvelle de science-fiction intitulé « Saturne ». J'habite à Concarneau.


Tu viens juste de rééditer ton premier roman Ama. Peux-tu nous présenter ce roman ?

Le roman raconte l’histoire d’un professeur de langues anciennes, Lujien Caolhe, contacté par l’armée afin de communiquer avec un être venu de l’espace. Cette entité intelligente a été retrouvée miraculeusement en vie après s’est écrasée à bord de son engin spatial. Le but des autorités, à terme, est de créer des liens diplomatiques avec sa civilisation. Mais, dans un premier temps, ils ont besoin de comprendre au plus vite son langage car ils ne savent pas comment la nourrir.

Entre échecs, réussites, espoirs et menaces, Lujien et son équipe vont tout faire pour protéger celle qu’ils considéreront comme l’ambassadrice d’une civilisation extrêmement avancée d’un point de vue technologique et métaphysique.

Ce roman apporte une réflexion sur la définition d’un être humain, les conséquences du réchauffement climatique, la nécessité de communiquer avec le monde du vivant et la capacité d’empathie d’une personne vis-à-vis d’un être venu d’ailleurs. Ce récit raconte également l’évolution d’une histoire d’amitié émouvante entre un être humain et un extraterrestre.


Cette nouvelle édition comporte plusieurs évolutions par rapport à la première. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?

Couverture de Ama, de Julien Laoche

J’ai supprimé le prologue — qui a perturbé certains de mes lectrices et lecteurs qui donnait des indices sur un mystère révélé à la fin —, j’ai changé le temps du récit au présent — et non plus en alternant passé et présent, ce qui a redonné du dynamisme —, j’ai rajouté une scène descriptive vers la fin concernant Ama, j’ai amélioré la mise en page et j’ai changé la couverture — qui a été réalisée par une amie auteure et infographiste, Christelle Broeck.



Ama est publié en autoédition. Peux-tu nous parler de ton expérience dans ce domaine : démarches, travail éditorial, communication, etc. ?

J’ai découvert l’autoédition lors d’une masterclass animée par l’auteur Bernard Werber. Il nous a expliqué que, parmi les possibilités, il existait cette manière de publier son ouvrage. Il a, d’ailleurs, cité en exemple l’une de ses premières élèves qui avait suivi son premier cours diffusé sur YouTube : Aurélie Valognes — l’auteure entre autres de « Mémé dans les orties ». À l’époque, je ne m’étais pas projeté dans cette direction. Je voulais prendre la voie classique de l’envoi en maison d’édition. Et puis, environ un an plus tard, je me suis intéressé à un concours organisé par Amazon, « Les plumes francophones », qui permettait aux auteurs autoédités en exclusivité sur leur plateforme KDP de gagner une somme d’argent et une aide à la promotion du livre gagnant — j’en avais entendu parler car le président du jury cette année-là était Bernard Werber. Pour y participer, il fallait être autoédité. Bien qu’intéressé, je n’avais pas de roman à proposer, juste un recueil de nouvelles en cours de rédaction. Et puis, la dernière nouvelle sur laquelle je travaillais prenait du poids petit à petit. J’ai commencé à me dire que, peut-être, j’étais en train d’écrire un roman, mon premier roman, et que je pouvais, peut-être, participer à ce concours. Et c’est ainsi que j’ai publié mon premier roman en autoédition — le dernier jour du concours — et que je suis entré dans ce milieu.

Durant ce travail d’écriture, j’ai fait appel à des bêta-lectrices et lecteurs qui ont pris le temps de relire mes différentes versions et de m’aider à améliorer mon récit. Il y avait des proches mais aussi des amis autrices et auteurs rencontrés durant les masterclass — notre groupe d’anciens élèves de ces ateliers d’écriture s’appelle « Les Fourmis ». Ces relectrices et relecteurs sont indispensables pour tout auteur souhaitant publier un livre — autoédité ou édité en maison d’édition.

Une fois l’écriture, les réécritures et corrections terminées, j’ai acheté une photo libre de droits sur le site « Shutterstock.com » que je trouvais jolie, et en faisant appel à mes quelques connaissances en logiciel de retouche d’images, je l’ai utilisé pour créer ma couverture. Les outils proposés gratuitement par Amazon Kindle m’ont permis de mettre en forme la version ebook et la couverture pour la version brochée. Une fois le contenu et l’image de couverture téléchargés, les divers paramètres entrés et le prix fixé, j’ai commandé une épreuve afin de vérifier le rendu en version papier. Ce dernier est arrivé juste à temps afin que je m’aperçoive des dernières modifications de mise en page à faire et des fautes d’inattention à corriger avant de le publier — j’ai eu de la chance de tomber sur une plateforme qui permette de republier gratuitement et rapidement les nouvelles versions après correction.

Très peu de temps avant la publication, j’ai commencé à en parler dans mes comptes Facebook, Instagram et Twitter et sur ma page Facebook d’auteur — ce qui est une mauvaise stratégie d’un point de vue communication sur les réseaux, j’ai un peu évolué là-dessus mais pas assez à mon goût.

J’ai ensuite démarché les librairies, supermarchés et espaces culturels comme Leclerc pour déposer mes exemplaires brochés et proposer des séances de dédicaces. Certains commerçants ont accepté de jouer le jeu, mais pas tous.

J’ai été parfois ému et touché par certains retours des lectrices et lecteurs. Mon moment préféré a été les séances de dédicaces qui m’ont permis d’aller à leur rencontre. J’adore échanger sur les livres, mes personnages, la science-fiction ou sur tout autre sujet. Ce sont des moments conviviaux qui m’ont apporté beaucoup sur la gestion de ma timidité, ma confiance en moi et m’ont amené à faire des rencontres qui m’ont fait avancer. C’est au cours d’une de ces séances que j’ai fait la connaissance du président de l’association « La 29ème dimension », Guillaume Volant.

Je devais participer à mes premiers salons du livre en 2020. Pour moi, ce devait être l’un de mes points d’orgue pour mon évolution en tant qu’auteur autoédité… mais la pandémie en a décidé autrement. Ce sera pour une prochaine fois.


Récemment, tu as également publié une nouvelle, Saturne. Peux-tu nous la présenter ?

Couverture de Saturne, de Julien Laoche

Cette histoire se déroule chez moi à Concarneau. Tout commence par un jeune concarnois qui découvre un étrange objet sur la corniche, près de la plage des sables blancs. En le ramenant chez lui, il va découvrir des images du passé qu’aucune archive historique n’a montré jusqu’à présent, et des images de l’avenir plus ou moins proche. De son côté, le propriétaire de l’objet, qui vient du futur, doit le récupérer pour retourner dans son époque, mais des obstacles vont se dresser face à lui afin de l’empêcher de faire ce voyage retour.


Ama et Saturne sont toutes deux des œuvres orientées SF. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce genre littéraire ? Envisages-tu d’explorer de nouveaux horizons hors SF ?

Il y a plusieurs choses qui me plaisent dans la SF : Imaginer le futur, voir les perspectives et possibilités qui s’offrent à nous, rêver d’un monde meilleur, alerter sur les risques de dérives politiques, sociétales, scientifiques ou écologiques, amener à la réflexion sur ce que nous voulons comme société, de penser par nous-mêmes et être ouvert sur les autres cultures.

Sinon, je suis ouvert sur d’autres genres. J’ai déjà écrit des nouvelles policières, une nouvelle de comédie et j’ai eu des idées de pitchs pour de la fantasy, de la comédie romantique, du développement personnel et de la politique-fiction.



Tu parles plus précisément de science-fiction philosophique. De mon point de vue, la philosophie devrait être une composante intrinsèque de la SF, avec son fameux sense of wonder. Qu’en penses-tu ?

Ce n’est pas faux, il y a beaucoup d’œuvres de science-fiction qui amènent une réflexion philosophique — Dune, Blade runner, Le meilleur des mondes, Fahrenheit 451 ou encore La nuit des temps.

Pour moi, en schématisant, il y a deux types de SF : la SF qui montre ce qui pourrait arriver de pire et qui a une mission d’alerte ou de vigie — c’est par exemple le cas de la dystopie —, et la SF qui montre le beau, un monde meilleur vers lequel nous devrions aller — l’utopie.

Mais selon moi, la philosophie-fiction — ou science-fiction philosophique — amène encore plus de réflexions que les autres types — le steampunk, la hard SF, le space opera, etc. — avec, parfois, une partie plus spirituelle sans tomber dans la religion. Le spirituel est vu ici comme quelque chose d’individuel contrairement à la religion qui est du domaine collectif et public. Dans mes écrits, je suis moins dans le spirituel que dans la réflexion — j’évoluerai peut-être avec le temps. Parfois, j’évoque le futur pour parler du présent, d’autres fois je pars d’une découverte scientifique pour me demander « Et si… ».

Et puis, il existe de la SF qui n’apporte, à mon sens, pas ou peu de réflexion philosophique comme les comics de Marvel ou de DC Comics dont le réalisme scientifique laisse souvent à désirer. Comme certains, je doute que ce soit réellement de la SF, mais le grand public le voit comme tel. Cela fait partie des histoires sympas à lire ou à regarder et durant lesquelles on passe un bon moment. Pour moi ce type de SF met en avant la technologie avant la réflexion. Or la philosophie-fiction met en avant l’inverse.

Quand on parle de SF, certains néophytes pensent à Superman, à Alien ou à Walking dead. Chacun à sa définition de la SF, mais le fantastique, par exemple, qui est un genre que l’on voit dans les romans ou films d’horreur comme Walking dead, Dracula ou La momie ne sont pas de la SF, il s’agit d’un autre genre littéraire. Certains confondent même la fantasy avec la science-fiction. Le seigneur des anneaux est parfois rangé dans cette catégorie. La SF, le fantastique et la fantasy sont trois genres différents mais font partie de ce que l’on appelle « le monde de l’imaginaire ».


Tu es un fan inconditionnel de Bernard Werber, que tu décris comme étant ton idole. Quels sont les autres écrivains qui t’inspirent ou qui t’ont marqué ?

Dans des genres différents : Philip K. Dick, René Barjavel, Amélie Nothomb, Henri Loevenbruck, Pierre Boule, Isaac Asimov, Aldous Huxley, Romain Sardou ou encore Guillaume Musso.


Parlons un peu d’écriture. Est-ce que tu es plutôt jardinier ou architecte ?

Je suis plutôt architecte. J’ai déjà essayé d’écrire sans plan. Au départ, je suis bien inspiré puis arrive un moment où je ne sais plus où aller, je ne sais plus comment s’appelle tel personnage ou quel est son rapport avec les autres, son rôle, etc. Cela faisait partie des raisons qui m’ont fait abandonner plusieurs fois l’écriture — ça et le manque de régularité.

Quelques mois avant d’assister à ma première masterclass, j’avais regardé une vidéo bonus qui était intégrée à un documentaire consacré à Bernard Werber. Il s’agissait de sa toute première masterclass. J’avais retenu deux conseils : écrire régulièrement et faire un plan. J’avais donc commencé à faire ce que j’appelle un synopsis-plan. J’écris en résumé plus ou moins long toute la trame de mon histoire avant de réécrire la version complète en reprenant ce synopsis. D’autre part, j’avais remarqué un été que j’étais extrêmement productif. J’avais donc pris la décision de n’écrire que durant mes congés et les week-ends. Ainsi, j’associais l’écriture avec les vacances. Et ça marchait. Mais dès lors où j’ai suivi la première masterclass de Bernard Werber — en présentiel comme on dit —, je me suis mis à écrire tous les jours, durant une heure et à faire systématiquement un plan. Bon, parfois je débute une histoire à la mode jardinière, mais je suis obligé de faire un plan pour écrire la suite, c’est plus facile pour moi.


Dans le processus d’écriture, qu’est-ce qui te plaît le plus ? Et le moins ?

Ce qui me plaît le plus : les recherches, trouver des idées pour débloquer mon histoire, écrire mon synopsis-plan durant lequel toute l’histoire se déroule dans ma tête, les retours des bêta-lecteurs qui me forcent parfois à sortir des sentiers battus.

Ce qui me plaît le moins : réécrire pour diminuer la taille d’un récit, les corrections, le retour d’un bêta-lecteur qui remet en question certains piliers importants de l’intrigue et me force à tout réécrire — ça me perturbe, me fait paniquer ou me démotive, mais lorsque, parfois, j’en tiens compte, ça sert vraiment mon histoire.


Le maître Stephen King affirme qu’il faut lire beaucoup pour savoir bien écrire. Es-tu d’accord ?

Je suis d’accord avec cette affirmation. J’ai du mal à concevoir qu’un auteur ne lise pas — et ça doit arriver plus que l’on ne pourrait croire. Plus rare, mais cela doit exister : les auteurs qui n’aiment pas lire et n’ont pratiquement jamais lu. Lorsqu’est née ma passion pour la lecture — et l’écriture par la même occasion —, j’étudiais la façon d’écrire de l’auteur. Parfois, je trouvais que l’idée de tel auteur était géniale. Je fais cet exercice encore aujourd’hui. Non seulement cela m’a permis d’essayer de comprendre la mécanique de construction d’une intrigue, mais j’ai pu progresser sur l’orthographe, la syntaxe et pu découvrir les règles de mise en page d’un livre.

Mais j’irais plus loin que le maître en disant que le travail régulier d’écriture permet de bien écrire.

Stephen King

Une question d’actualité pour terminer. Au moment de cette interview, la France vient juste d’être confinée à nouveau. Est-ce que cette période hors du commun t’inspire en tant qu’auteur ?

Indirectement, oui. Lors du premier confinement, je n’ai pas été inspiré au départ par cet événement car la science-fiction, mon genre de prédilection, a déjà largement traité des conséquences d’une pandémie meurtrière depuis des décennies, et puis j’avais l’intuition que tous les livres qui allaient sortir dans les mois à venir parleraient de cet épisode.

Finalement, j’ai écrit trois histoires pour un collectif d’auteurs qui est né en avril 2020, « Les auteurs masqués », pour n’en garder qu’une qui s’est intitulée « Vision(s) ». Les redevances auteurs du recueil de nouvelles qui a germé de ce collectif, « Histoires de confinés », ont été reversés à l’AP-HP (Assistance Publique — Hôpitaux de Paris). Une des deux nouvelles mises de côté a été publiée en même temps que Saturne, et j’envisage de sortir le troisième lors d’une prochaine sortie.

Sinon, oui, je serai obligé d’imaginer un futur en prenant en compte cet événement mondial qui nous a touchés. Cela a mis au jour les problèmes de logistiques, la dépendance des pays développés vis-à-vis de la Chine, la mise en avant d’une nouvelle technique de fabrication d’un vaccin — l’ARN messager — ou encore le risque d’un glissement vers un régime totalitaire.


Le mot de la fin ?

Merci de m’avoir proposé cet entretien. J’avoue que j’ai été un peu long sur certaines questions, mais c’est souvent le cas quand je parle de sujets qui me passionnent.

J’ai été ravi de t’avoir rencontré à la librairie Ravy à Quimper avec l’association La 29ème Dimension. Bonne continuation !


Instagram : julienlaoche

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