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Les Dieux eux-mêmes, d'Isaac Asimov

1972 - Science-fiction

 

Quatrième de couverture

En 2070, la Terre vit dans la prospérité et le bonheur grâce à la Pompe à Électrons, qui fournit une énergie illimitée et gratuite. Une découverte extraordinaire, à moins que...

À moins que cette invention miraculeuse ne constitue à plus ou moins longue échéance une menace imparable pour notre Univers ; un piège tendu par une civilisation parallèle pour annihiler notre réalité.

Seules quelques personnes ont pressenti la terrible vérité : un jeune physicien marginal, une Lunarite intuitionniste, un extraterrestre rebelle vivant sur une planète qui se meurt.

Mais qui les écoutera ? Qui les croira ? Contre la stupidité, les Dieux eux-mêmes luttent en vain.


 

Mon avis


Intrigue : 4/5

Le roman se décompose en trois parties très distinctes, que ce soit par le lieu, la date, ou les personnages. Ces trois parties racontent chacune une histoire intrinsèque et pourraient constituer une nouvelle à part, bien qu'elles soient étroitement liées entre elles.


Dans la première, un jeune chercheur, Hallam, découvre par hasard que du tungstène s’est transformé en plutonium instable. Il réalise alors que sa radioactivité augmente et dégage une énergie inouïe. Très vite, les scientifiques comprennent que cette transformation est le fait d’un univers parallèle dans lequel les lois fondamentales sont légèrement différentes. Car si, dans notre univers, leur plutonium est instable et génère de l’énergie, c’est également le cas de notre tungstène dans l’univers parallèle. Une sorte d’échange de bons procédés, en somme : les deux univers obtiennent de l’énergie gratuite par le biais de cette substitution.

L’ennui, c’est qu’un autre scientifique, Lamont, se rend vite compte qu’il n’y a pas que la matière qui est échangée, mais aussi les lois de l’univers parallèle, qui pollue peu à peu le nôtre. Cet effet corollaire n’est pas anodin : notre Soleil risque ainsi d’exploser en quasar, et donc de détruire toute vie sur Terre.

Cette première partie est passionnante. Elle permet de découvrir peu à peu les implications de l’existence de l’univers parallèle, avec lequel Lamont va tenter de communiquer.


La seconde partie se déroule dans l’univers parallèle. Les premières pages exigent une certaine concentration pour comprendre les spécificités de ce monde, puis, très vite, on est emporté dans les aventures des trois personnages principaux : Odeen, un Rationnel, Dua, une Émotionnelle et Tritt, un Parental. On est captivé par leur histoire. A noter qu'Asimov qualifiera lui-même humblement les trois protagonistes comme étant les « extraterrestres les plus réussis de toute la science-fiction ». Je ne sais pas si le bougre a raison, mais il faut lui reconnaitre un certain talent.


Enfin, la dernière partie se déroule dans le futur, sur la Lune, où une colonie humaine s’est établie. On y suit l’arrivée d’un terrien qui souhaite s’y installer, mais pas que : il a une idée bien précise derrière la tête…


En fin de compte, bien que les trois parties soient bien différentes, elles sont toutes intéressantes à leur manière. J’avoue avoir préféré la première, qui pose les bases et développe la découverte qui va changer le monde.

Fait particulièrement déroutant cependant : l’absence presque totale d’action et de description. Ici, toute l’intrigue ou presque passe par les dialogues. On pourrait facilement en faire une pièce de théâtre en trois actes.


Idée : 4.5/5

L’idée est fascinante. Et si nous pouvions obtenir de l’énergie illimitée grâce à un univers parallèle  ? Les trois parties du roman la développent de trois points de vue différents. Les explications scientifiques sont très élaborées, sans toutefois verser dans la hard science-fiction velue — on est loin de ce que propose un Greg Egan, par exemple. De mon point de vue c’est bien dosé, tout est relativement compréhensible et rend le récit plus immersif.

L’idée sous-jacente est l’existence d’un univers aux lois sensiblement différent du nôtre, et l’imagination scientifique de l’auteur prend tout son envol dans la seconde partie du roman qui décrit ce monde hypothétique. La force de cohésion nucléaire y est donc plus grande, ce qui implique que les particules ont besoin de moins d’espace et les corps peuvent donc s’interpénétrer, y compris les organismes vivants, comme le sont les trois personnages principaux du monde extraterrestre.


Personnages : 4/5

Ici, point de héros sauveur du monde. Tous les personnages sont guidés par des motifs peu louables : récolter les lauriers de la découverte, assouvir une vengeance personnelle, sauver les apparences, etc. Ceux qui prétendent faire le bien le font de manière maladroite ou pour de mauvaises raisons.

Nous sommes loin d’un manichéisme de bas étage, ce qui renforce la crédibilité et la profondeur des personnages.


Style : 3.5/5

Sans doute le point qui fera défaut aux yeux des non-initiés au Maître Asimov. C’est très dépouillé et sans relief. L’auteur se contente du strict minimum pour se concentrer sur l’intrigue et les idées scientifiques développées par le biais des très nombreux dialogues.

Personnellement ça ne m’a pas gêné, même si certains passages auraient gagné à être étoffés en descriptions, notamment dans la troisième partie sur la Lune.

Ceux qui apprécient un style dépouillé qui va à l'essentiel seront ravi, comme moi.


En bref :

Après une interruption de près de 15 ans, le Maître Asimov revient avec ce roman de SF qui raflera les principales récompenses littéraires du genre : prix Hugo, prix Nebula et prix Locus. Et à raison.

Si l'on peut éventuellement regretter le dépouillement du style, l'idée principale du roman est si bien exploitée et originale qu'elle en justifie la lecture pour tout amateur de SF qui se respecte.


NOTE GLOBALE : 4.5/5


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